Leptospirose

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Sommaire

    Dernière mise à jour : Octobre 2022

     

     

    La leptospirose est une zoonose touchant de nombreux animaux domestiques ou sauvages, principalement les rongeurs (en particulier le rat) mais aussi les chiens et le bétail, etc. 

     

    La transmission de la maladie à l'homme se fait par contact de la peau lésée ou des muqueuses (p. ex. oculaires, digestives) avec :

    • de l’eau douce ou de la terre humide contaminée par l'urine d'un animal infecté (contact indirect) ;
    • de l'urine, du sang et autres liquides biologiques ou des tissus d'un animal infecté (contact direct).

     

    Les germes responsables sont des bactéries (spirochètes) du genre Leptospira.

     

    La maladie est présente dans le monde entier, en particulier dans les climats chauds et humides. Les épidémies sont fréquentes après de fortes pluies ou une inondation.

    Signes cliniques

    Environ 90% des patients ont une forme asymptomatique ou légère, d’évolution favorable. 5 à 15% des patients ont une forme sévère avec des atteintes viscérales multiples et une mortalité élevée en l'absence de traitement rapide. 

    Forme légère

    • Phase aiguë (septicémique) :
      • Fièvre élevée d’apparition brutale avec frissons, céphalées, myalgies (en particulier au niveau des mollets et des lombes), photophobie, douleurs oculaires. Une suffusion conjonctivale bilatérale, affectant la conjonctive bulbaire (rougeur sans écoulement) est un signe caractéristique mais pas toujours présent.
      • Peuvent être associés : symptômes digestifs (anorexie, douleurs abdominales, nausées, vomissements), toux non productive, adénopathies, hépatomégalie et parfois, éruption cutanée.
    • Phase immune :
      • Les signes de la phase aiguë régressent après 5 à 7 jours puis réapparaissent pendant quelques jours sous une forme en générale atténuée (fièvre moins élevée, myalgies moins sévères) puis disparaissent.
      • Il est toutefois fréquent que des signes de méningite (présumée d'origine immune) soient présents durant cette phase.

    Forme sévère ou ictéro-hémorragique

    Début identique mais après quelques jours, aggravation du tableau clinique : atteinte rénale (oligurie ou polyurie), atteinte hépatique (ictère), hémorragies diffuses (purpura, ecchymoses, épistaxis, hémoptysie, etc.), signes pulmonaires (douleurs thoraciques) ou cardiaque (myocardite, péricardite).

     

    Le diagnostic clinique est difficile en raison de la diversité des tableaux cliniques. Considérer comme un cas suspect de leptospirose un patient présentant [1] Citation 1. World Health Organization. Human leptospirosis: guidance for diagnosis, surveillance and control. World Health Organization, 2003.
    https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/42667/WHO_CDS_CSR_EPH_2002.23.pdf?%20sequence=1&isAllowed=y [consulté le 5 septembre 2022]
    :

    • fièvre d'apparition brutale, frissons, suffusion conjonctivale, céphalées, myalgies et ictère 

    et

    • un ou des facteurs de risque d'infection : exposition à des eaux douces contaminées (p. ex. baignade, pêche, rizières, inondations) ou à des animaux infectés (p. ex. agriculteurs, éleveurs, vétérinaires, bouchers et personnel des abattoirs).

     

     

    Les autres maladies à envisager comprennent un large éventail de maladies fébriles aiguës, p. ex.:

     

    Laboratoire

    Diagnostic

    • Collecter des échantillons avant traitement et les envoyer au laboratoire de référence.
      • Phase aiguë (première semaine de la maladie) : sang et/ou sérum pour dépistage des IgM, PCR et échantillon "aigu" pour test d'agglutination microscopique (MAT) ;
      • Phase immune (deuxième semaine de maladie) : sérum pour dépistage des IgM et échantillon "de convalescence" pour MAT, et urine pour PCR.
    • Dans tous les cas, test rapide de diagnostic du paludisme dans les régions endémiques (et traitement antipaludique si nécessaire, voir Paludisme, Chapitre 6).

    Examens complémentaires

    (si disponible)

    • Créatininémie : élevée en cas d'insuffisance rénale.
    • Numération-formule sanguine : neutrophilie et thrombocytopénie possible (phase aiguë) ou anémie secondaire à une hémorragie (phase immune).
    • Liquide céphalo-rachidien (phase immune) : caractéristiques d'une méningite aseptique dans le LCR (voir méningite virale, Chapitre 7).
    • Urine : protéinurie légère, leucocyturie, hématurie microscopique possible (phase aiguë).

    Traitement

    Débuter un traitement antibiotique empirique dès que la leptospirose est suspectée, avant que les résultats des tests diagnostiques ne soient disponibles.

    Forme légère (ambulatoire)

    Traitement symptomatique

    • Repos et traitement de la douleur et de la fièvre : paracétamol PO (Chapitre 1).
    • L’acide acétylsalicylique (aspirine) est contre-indiqué (risque hémorragique).

     

    Traitement antibiotique 

    • doxycycline PO pendant 7 jours

    Enfant de moins de 45 kg : 2 à 2,2 mg/kg (max. 100 mg) 2 fois par jour 

    Enfant de 45 kg et plus et adulte : 100 mg 2 fois par jour 

    ou, en particulier chez la femme enceinte :

    • azithromycine PO pendant 3 jours

    Enfant : 10 mg/kg en une prise à J1 (max. 500 mg) puis 5 mg/kg (max. 250 mg) une fois par jour à J2 et J3 

    Adulte : 1 g en une prise à J1 puis 500 mg une fois par jour à J2 et J3 

    ou, à défaut,

    • amoxicilline PO pendant 7 jours

    Enfant : 25 mg/kg (max. 1 g) 2 fois par jour 

    Adulte : 1 g 2 fois par jour

     

     
    Le traitement antibiotique peut induire une réaction de Jarisch-Herxheimer (fièvre élevée, frissons, chute de la pression artérielle et parfois choc). Il est recommandé de garder le patient en observation pendant les 2 heures qui suivent la première dose d’antibiotique pour prendre en charge une réaction sévère (traitement symptomatique du choc).

    Forme sévère (hospitalisation)

    Traitement symptomatique

    • Prise en charge spécifique en fonction des organes atteints. L'oligurie répond en général à la correction de l'hypovolémie.
    • Repos et traitement de la douleur et de la fièvre : paracétamol PO (Chapitre 1). Éviter le paracétamol ou l'utiliser avec prudence chez les patients présentant une atteinte hépatique.

     

    Traitement antibiotique

    • ceftriaxone IV pendant 7 jours a Citation a. Pour l'administration IV de ceftriaxone, utiliser uniquement de l'eau pour préparation injectable comme solvant.

    Enfant : 80 à 100 mg/kg (max. 2 g) une fois par jour 

    Adulte : 2 g une fois par jour 

    ou

    • benzylpénicilline IV pendant 7 jours

    Enfant : 50 000 UI (30 mg)/kg (max. 2 MUI ou 1200 mg) toutes les 6 heures

    Adulte : 1 à 2 MUI (600 à 1200 mg) toutes les 6 heures

    Prévention

    • Eviter les bains en eaux douces si notion d'endémie. 
    • Désinfection du linge et des objets souillés par l’urine de patients ou d'animaux infectés. 
    • Vaccination et tenues de protection (uniquement pour les professionnels exposés).

     

    Notes
    • (a)Pour l'administration IV de ceftriaxone, utiliser uniquement de l'eau pour préparation injectable comme solvant.
    Références