3.4 Hygiène

Select language:
Permalink
Sommaire

    3.4.1 Hygiène des mains

    La transmission oro-fécale de Vibrio cholerae peut être interrompue par le lavage des mains à l’eau propre et du savon a Citation a. Si les mains ont été correctement lavées à l’eau propre et au savon, il est inutile de se désinfecter en plus avec une solution chlorée à 0,05% ou une solution hydro-alcoolique.  aux « moments critiques ».

     

    Tableau 3.2 - Moments critiques pour réaliser le lavage des mains

     

    AVANT

    APRES

    • de préparer les repas
    • de manger ou de fumer
    • de nourrir un enfant ou toute autre personne
    • être allé aux toilettes
    • avoir pris soin d’une personne malade
    • avoir nettoyé les fesses d’un enfant
    • avoir nettoyé des surfaces, objets ou des vêtements souillés par des selles ou vomissements d’un malade
    • avoir touché un cadavre

     

    3.4.2 Hygiène alimentaire

    Le risque provient de la contamination des aliments lors de leur manipulation ou de la consommation de produits de la pêche contaminés dans l’environnement et consommés crus ou insuffisamment cuits.
    Bien cuire les aliments et les conserver couverts, manger chaud, laver à l’eau potable ou éplucher les fruits et légumes (soi-même, juste avant de les consommer), nettoyer les plan de travail et ustensiles de cuisine et les sécher permet de réduire le risque de transmission.

    3.4.3 Hygiène du domicile

    Le nettoyage des surfaces et du matériel potentiellement contaminés (récipients pour le stockage de l’eau, zones de préparation et prise des repas, latrines/toilettes, etc.) à l’aide d’un détergent ménager disponible sur le marché local, réduit le risque de transmission.
    Les vêtements souillés, draps, objets divers peuvent être lavés à l’eau et au savon ou une lessive disponible sur le marché local et étendus au soleil jusqu’au séchage complet b Citation b. Le vibrion ne survit pas à la dessiccation (dessèchement). . Les articles qui ne peuvent être lavés (p.ex. matelas non plastifiés) peuvent être désinfectés en les laissant complètement sécher au soleil [1] Citation 1. Guide pratique de lutte contre le choléra de l’UNICEF, 2013.
    https://www.unicef.org/french/cholera_toolkit/
    . Tourner les matelas plusieurs fois des 2 côtés.
    Si les selles ou vomissures d’un malade sont déversées sur le sol ou sur une surface, celles-ci doivent être d’abord essuyées et jetés dans les latrines ou enterrées. La zone souillée est ensuite nettoyée avec un détergent ménager disponible sur le marché local c Citation c. Si l’eau de Javel est un produit connu, largement accessible et qu’il n’y a pas de risque de mauvaise utilisation, le nettoyage peut être suivi d’une désinfection avec une solution chlorée à 0,2%. .

     

    Remarques :

    • Les vêtements et autres objets des patients ne doivent pas être lavés dans une source d’eau potable (ruisseau, rivière, puits).
    • Le port de gants de ménage ne dispense pas de se laver les mains après le nettoyage.

    3.4.4 Désinfection du domicile par des équipes mobiles

    La désinfection du domicile des patients par pulvérisation de solution chlorée est encore largement pratiquée.
    Cette méthode est lourde en termes de temps, d’effectifs et de moyens logistiques, cependant :

    • Il n’existe pas d’études mesurant son impact sur la transmission du choléra ;
    • Au domicile, la plupart des surfaces ne sont pas exposées aux déjections et ne sont pas une source majeure de contamination ;
    • L’effet du chlore étant limité dans le temps, une re-contamination des surfaces est possible une fois la solution évaporée ;
    • Les équipes de désinfection interviennent souvent quelques jours après le début de la maladie chez le cas. Les proches ont probablement été contaminés pendant ce temps, par le cas index ou une autre source ;
    • La désinfection peut conduire à la stigmatisation les patients et de leurs familles. D’autres familles affectées peuvent alors hésiter à déclarer les cas.

     

    Par conséquent, pour réduire la transmission du choléra par contact familial, il est préférable d’allouer les ressources à des activités susceptibles d’avoir plus d’impact comme la fourniture de kit d’hygiène pour les ménages d Citation d. La liste des articles contenus dans le kit dépend du contexte et des besoins de la population, par exemple : un seau, une brosse, une serpillère, un jerrycan, du savon pour les mains et le linge, un détergent ménager pour les sols et surfaces (et éventuellement de l’eau de Javel mais seulement si le produit est bien connu et utilisé dans la région). [2] Citation 2. M. Gartley, P. Valeh, R. de Lange, S. DiCarlo, A. Viscusi, A. Lenglet and J. F. Fesselet. Uptake of household disinfection kits as an additional measure in response to a cholera outbreak in urban areas of Haiti. J Water Health 2013 Dec; 11(4):623-8.  : le matériel est remis à un membre de la famille au moment de l’admission du patient dans une structure de traitement du choléra. Le kit doit être utilisé le même jour pour nettoyer des objets et surfaces contaminés par le malade à la maison et pendant les semaines suivantes pour éviter de nouveaux cas dans la famille e Citation e. Si le patient est venu seul, le kit lui est remis à sa sortie. .

    3.4.5 Corps et funérailles

    Comme tout rassemblement (mariages, fêtes religieuses, etc.), les funérailles de personnes mortes de choléra, ou de toute autre cause, peuvent contribuer à la propagation du vibrion en cas d’épidémie en cours.
    La transmission a typiquement lieu dans un contexte de funérailles prolongées, où un grand nombre de personnes partagent des repas communs préparés ou servis dans des conditions insalubres (p.ex., préparés par des personnes qui ont manipulé le corps sans se laver les mains et/ou mangés à la main sans lavage préalable des mains).

     

    Les personnes qui entrent en contact avec le corps des personnes décédées du choléra sont exposés au vibrion par les fuites de liquides provenant du tube digestif. Se laver correctement les mains après avoir touché le cadavre et avant de préparer ou servir des repas ou de manger/boire/fumer est essentiel pour éviter la contamination.

     

    De plus, l’OMS recommande :

    • D’organiser les funérailles dans les 24 heures qui suivent le décès, près du lieu du décès si possible ;
    • D’enterrer les cadavres à plus de 50 mètres des sources d’eau, au moins 1,5 mètre au-dessus de la nappe phréatique, en recouvrant les corps avec au moins 1 mètre de terre.

     

    Les autorités peuvent décourager les rites funéraires pour les personnes décédées du choléra, les contacts entre la famille et le défunt, les repas communautaires lors des funérailles, etc. Ces restrictions peuvent conduire les familles à dissimuler les décès. Il est dans la plupart des cas possible de réaliser les funérailles en respectant la coutume, tout en appliquant les mesures d’hygiène de base. Au cours des funérailles, des agents de santé communautaires et/ou chefs religieux peuvent aider les familles à respecter les bonnes pratiques d’hygiène pour éviter la transmission.

     

    Lors d’une épidémie de choléra, les autorités peuvent mettre en place des équipes pour gérer les corps au domicile. Ces équipes assurent le traitement des corps en employant les techniques et le matériel utilisés dans les structures de traitement du choléra et dans les morgues municipales.

     

    Notes
    • (a)Si les mains ont été correctement lavées à l’eau propre et au savon, il est inutile de se désinfecter en plus avec une solution chlorée à 0,05% ou une solution hydro-alcoolique.
    • (b)Le vibrion ne survit pas à la dessiccation (dessèchement).
    • (c)Si l’eau de Javel est un produit connu, largement accessible et qu’il n’y a pas de risque de mauvaise utilisation, le nettoyage peut être suivi d’une désinfection avec une solution chlorée à 0,2%.
    • (d)La liste des articles contenus dans le kit dépend du contexte et des besoins de la population, par exemple : un seau, une brosse, une serpillère, un jerrycan, du savon pour les mains et le linge, un détergent ménager pour les sols et surfaces (et éventuellement de l’eau de Javel mais seulement si le produit est bien connu et utilisé dans la région).
    • (e)Si le patient est venu seul, le kit lui est remis à sa sortie.
    Références
    • 1.Guide pratique de lutte contre le choléra de l’UNICEF, 2013.
      https://www.unicef.org/french/cholera_toolkit/
    • 2.M. Gartley, P. Valeh, R. de Lange, S. DiCarlo, A. Viscusi, A. Lenglet and J. F. Fesselet. Uptake of household disinfection kits as an additional measure in response to a cholera outbreak in urban areas of Haiti. J Water Health 2013 Dec; 11(4):623-8.