4.6 Stratégies pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement

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Sommaire

    4.6.1 Améliorer l’accès à l’eau potable

    L’absence ou la détérioration du système d’approvisionnement en eau, le coût de l’eau, la distance du point d’eau ou le temps d’attente pour remplir les récipients à la source, un contexte d’insécurité ou la sécheresse, favorisent l’utilisation de sources d’eau potentiellement contaminées mais plus accessibles ou abordables (p.ex. rivières, fossés ou puits peu profonds).

     

    Pour fournir de l’eau potable ou améliorer l’accès à l’eau potable, plusieurs options peuvent être envisagées selon le contexte :

    • Mettre en place un système temporaire de transport, stockage et distribution de l’eau potable dans les zones très peuplées où il n’y a pas de système de distribution, aussi longtemps que nécessaire.
    • Réparer ou améliorer un système de distribution défaillant si cela peut être fait facilement et rapidement.
    • Protéger (et désinfecter de manière ponctuelle) les sources d’eau non protégées les plus utilisées, à condition qu’elles ne soient pas constamment exposées à la (re)contamination.
    • Négocier la gratuité ou une réduction temporaire du prix de l’eau potable auprès des autorités locales, entreprises publiques ou privées ou propriétaires de la source.
    • Améliorer les sources d’eau protégées les plus utilisées en augmentant la capacité de distribution et en réduisant le temps d’attente (au mieux, moins de 15 minutes, moins de 30 minutes maximum [1] Citation 1. Le Projet Sphère. 2011. 
      https://spherestandards.org/wp-content/uploads/2018/06/Manuel_Sphere_2011_Francais.pdf
      ).
    • Distribuer aux familles des récipients dont le volume permet d’augmenter la quantité d’eau potable stockée au domicile et de diminuer le nombre de trajets quotidiens pour se procurer de l’eau (attention, ces récipients doivent rester transportables).

     

    Si les autorités décident de fermer un point d’eau contaminé, s’assurer qu’il existe une autre source d’eau potable accessible.

     

    En zones fortement peuplées, la chloration continue (Section 3.3.2) est le meilleur moyen de fournir rapidement de grandes quantités d’eau potable. La chloration au domicile n’est pas recommandée en première intention, sauf si cette méthode était déjà en train d’être mise en place avant le déclenchement de l’épidémie.

     

    En zones rurales où les populations sont dispersées ou difficiles à atteindre, la chloration au seau (Section 3.3.2) ou le traitement de l’eau au domicile (Section 3.3.3) sont souvent les seules solutions. Une information, des démonstrations d’utilisation, un approvisionnement constant et une surveillance de l’utilisation appropriée et constante de ces produits sont essentiels.
    Si les produits désinfectants ne sont pas disponibles et qu’aucune autre solution n’est envisageable, l’eau destinée à la boisson et la cuisine devra être bouillie.

    4.6.2 Améliorer l’hygiène

    Points de lavage des mains

    Des points de lavage des mains avec de l’eau et du savon (ou seulement une solution chlorée à 0,05%) doivent être disponibles aux endroits clés :

    • Latrines (publics et familiales) ;
    • Zones utilisées pour la préparation/consommation des aliments (cuisines, marchés, restaurants, etc.).

     

    Les points publics de lavage des mains doivent être entretenus pendant toute la durée de l’épidémie.

    Savon et autres produits d’hygiène

    Le coût élevé de savon par rapport au revenu du ménage est un obstacle important à l’hygiène des mains dans les populations pauvres. Des distributions de savon, ciblées ou de masse, doivent être organisées aussi longtemps que nécessaire (minimum 500 g de savon/personne/mois pour l’hygiène personnelle et le lavage du linge). Les distributions de savon sont systématiques dans les populations de réfugiés ou déplacés.
    La date et le lieu de la distribution doit être communiquée à la population et la distribution doit être associée à une promotion du lavage des mains aux «moments critiques» (Section 3.4.1).

     

    Par ailleurs, des «kits d’hygiène pour les ménages» peuvent être fournis dans les structures de traitement du choléra (tous niveaux) pour assurer en continu l’hygiène du domicile des patients (Section 3.4.4). Ne pas inclure de traitement (sachets de SRO) ou de produits pour désinfecter l’eau dans ce kit afin d’éviter les confusions entre les produits et l’ingestion accidentelle d’agents chimiques.

    Préparation et vente d’aliments dans la rue

    La nourriture vendue dans la rue et dans les restaurants de rue présente un risque si elle est contaminée. Les autorités sanitaires peuvent décider de l’arrêt de la restauration de rue en cas d’épidémie. Sinon, une sensibilisation des vendeurs à l’hygiène alimentaire est à envisager pour réduire le risque de transmission a Citation a. Pour plus d’information, voir : http://www.who.int/foodsafety/fs_management/No_03_StreetFood_Jun10_fr.pdf .

    4.6.3 Améliorer l’assainissement

    Camps de réfugiés

    Au cours de la première phase d’une urgence, quand il n’existe pas de structures d’assainissement, des champs ou tranchées de défécation doivent être mis en place pour les premiers jours (Section 3.5.1).
    Il faut simultanément planifier la construction de latrines. Au début, il est difficile de faire construire une latrine par famille. Selon les moyens et l’espace disponible, les alternatives peuvent être la construction de latrines publiques (utilisées par tous) ou communes (utilisées par 3 ou 4 familles, soit environ 20 personnes). Des latrines familiales individuelles doivent toutefois être construites dès que possible, la population étant susceptible de rester dans le camp bien au-delà de la durée de l’épidémie.

    Zone urbaine

    Le nombre de latrines nécessaires en zone urbaine est très élevé. Toutefois leur construction à grande échelle n’est pas envisageable au cours d’une épidémie en raison des difficultés et délais nécessaires pour demander et obtenir les autorisations administratives, obtenir les matériaux, organiser la participation communautaire, etc.

     

    Construire des latrines publiques (ou les réparer lorsqu’elles existent) peut être la seule option à court terme.
    Les latrines publiques doivent être placées en priorité aux endroits où le risque de transmission du choléra est très élevé : marchés, gares, stations de bus, etc.
    Lorsque qu’elles sont en bon état, les latrines publiques sont souvent payantes. Négocier leur usage gratuit pour la population (en offrant de payer au propriétaire un forfait journalier) permet de les rendre accessibles.
    Il faut dans tous les cas organiser leur nettoyage et entretien ainsi que celui des points de lavage des mains pendant toute la durée de l’épidémie.

     

    Dans certaines situations (p.ex. manque d’espace dans des zones urbaines inondées ou difficultés à creuser dans les débris après tremblement de terre), la défécation dans des sacs en plastique, s’il s’agit déjà d’une pratique habituelle avant l’épidémie, peut-être envisager durant la première phase d’une urgence (Section 3.5.1).

    Zone rurale

    Si la construction rapide de latrines n’est pas envisageable en zones urbaines, elle l’est encore moins dans les zones rurales. Réparer des latrines publiques lorsqu’elles existent peut être une option à court terme. Des actions de sensibilisation, telles qu’encourager la population à ne pas déféquer dans ou à proximité des sources d’eau potable et/ou à recouvrir les excréments après défécation, peuvent être envisagées. Toutefois ces actions ponctuelles ne sont pas nécessairement suffisantes pour modifier les habitudes, même à court terme.