La qualité des médicaments conditionne l’efficacité et l’innocuité des traitements. Elle dépend de leur bonne fabrication et de leur conservation : des médicaments de bonne qualité seront disponibles à condition de les acquérir suivant des procédures rationnelles auprès de fournisseurs fiables et d’assurer leur transport, ainsi que leur stockage, dans des conditions compatibles avec leur bonne conservation.
Normes de qualité
Chaque médicament est caractérisé par des normes particulières, inscrites dans les pharmacopées ou dans les dossiers présentés par leurs fabricants et reconnues par les autorités compétentes de chaque pays. Ces normes concernent l’aspect extérieur (couleur, odeur, etc.), les caractères physico-chimiques, les procédés d’analyses, les conditions et la durée de conservation.
Le certificat d’analyse, fourni par les fabricants pour chacun de leurs produits, garantit que les produits d’un lot (produits provenant d’un même cycle de production) sont conformes aux normes officielles de qualité, existant dans son pays.
L’étiquette de chaque unité (boîte, flacon, etc.) doit indiquer lisiblement :
- le nom du produit en DCI,
- la forme et le dosage,
- le nombre d’unités (comprimé, ampoule, etc.) ou le volume (sirop, etc.),
- le nom et l’adresse du fabricant,
- le numéro du lot,
- la date de péremption.
Conditions de conservation
La température, l’air, l’humidité et la lumière sont des facteurs qui interviennent dans la conservation. Les conditions de stabilité sont différentes suivant les médicaments, qui sont plus ou moins fragiles, et suivant la forme du médicament (comprimé, solution, etc.) ou suivant son mode de fabrication. Il est donc nécessaire de respecter les normes de conservation indiquées sur chaque fiche de ce guide ou sur les notices/étiquettes des fabricants, au cas où elles ne seraient pas concordantes.
Température
Dans un entrepôt, la température ne doit pas être supérieure à 25 °C.
Les températures de stockage sont définies comme suit par la pharmacopée européenne :
au congélateur | – 15 à 0 °C |
au réfrigérateur | + 2 à + 8 °C |
au frais | + 8 à + 15 °C |
température ambiante | + 15 à + 25 °C |
Mais durant le transit et le transport, la température peut atteindre 50 à 60 °C à l'intérieur des véhicules, des conteneurs ou sur les quais de débarquement et, dans ce cas, la conservation et les dates de péremption ne peuvent plus être garanties.
La congélation peut être préjudiciable, notamment aux solutions, entraînant la détérioration ou la précipitation du principe actif ainsi que la casse des ampoules et flacons.
Les vaccins, immunoglobulines et sérums sont des produits sensibles à la chaleur et à la lumière. Même si les nouvelles productions fournissent des vaccins moins sensibles à la chaleur (dits "thermostables"), il faut toujours les conserver au réfrigérateur, entre 2 °C et 8 °C, et respecter strictement la chaîne de froid durant les transports.
Les flacons de vaccins peuvent être munis d'une pastille de contrôle (PCV) dont le carré central, thermosensible, change de couleur sous l'influence de la chaleur et du temps : si le carré central est plus clair que le cercle qui l'entoure, le vaccin peut être administré. Si le carré central est de la même couleur ou plus foncé que le cercle qui l'entoure, le flacon doit être détruit. La pastille de contrôle mesure l’exposition cumulative à la chaleur.
Chaîne de température contrôlée (CTC)
Dans le cadre de certaines campagnes de vaccination de masse uniquement, certains vaccins homologués pour une utilisation en CTC peuvent être transportés et utilisés en dehors de la chaîne de froid pendant une période de temps limitée.
Pour pouvoir être utilisé en CTC, le vaccin doit pouvoir, une fois sorti de la chaîne de froid (2 °C à 8 °C), tolérer des températures allant jusqu’à 40 °C pendant une durée d’au moins 3 jours. La température maximale de 40 °C est surveillée à l’aide d’indicateurs de seuil de température, placés dans les porte-vaccins utilisés pour le transport et la vaccination sur le terrain.
Air et humidité
Dans un entrepôt, le taux d’humidité relative ne doit pas être supérieur à 65% (il existe des dispositifs pour mesurer l’humidité).
L'air est un facteur de dégradation en raison de l'oxygène et de l'humidité qu'il contient. Tout récipient doit rester fermé. Dans les emballages étanches et opaques, de type hospitalier, les médicaments sont à l'abri de l'air et de l’humidité. Il faut éviter de les déconditionner trop longtemps avant leur distribution.
Il faut informer les patients recevant des comprimés sous blister que les comprimés doivent être déconditionnés uniquement au moment de la prise.
Lumière
Les médicaments ne doivent pas être exposés à la lumière directe, en particulier les solutions. Les préparations injectables sont à conserver dans leur emballage, à l'obscurité. Certains verres colorés donnent une protection illusoire contre la lumière.
Détérioration
Il est important de connaître les caractères normaux de chaque médicament (couleur, odeur, solubilité, consistance) afin de pouvoir détecter les changements d'aspect qui pourraient traduire sa dégradation. Il faut pourtant savoir que certaines dégradations ne se traduisent pas toujours par une modification extérieure visible.
La conséquence principale de la dégradation est une diminution de l'activité thérapeutique, ce qui entraîne des conséquences plus ou moins graves à l'échelle individuelle ou collective.
Par exemple, l'emploi d'antibactériens périmés ou détériorés, donc moins actifs, non seulement ne guérit pas l’infection, mais aussi favorise l'apparition de souches résistantes.
Il n'est pas recommandé de compenser une éventuelle diminution de l'activité par une augmentation aléatoire de la dose habituelle car, pour les médicaments toxiques, il existe un réel danger de surdosage.
Certains médicaments subissent avec le temps des dégradations aboutissant à la formation de substances beaucoup plus dangereuses, donc à une augmentation de la toxicité. La tétracycline en est le principal exemple : la poudre jaune pâle devient brunâtre et visqueuse ; son utilisation est alors dangereuse, même lorsque la date de péremption n'est pas encore atteinte.
Pour certains médicaments, on constate une augmentation de leur pouvoir allergène. C'est le cas des pénicillines et céphalosporines par exemple.
Les suppositoires, ovules, crèmes et pommades qui ont fondu sous l'action de la chaleur ne doivent pas être utilisés. Le principe actif n'est plus réparti de façon homogène dans l'excipient.
Les sels de réhydratation orale sont utilisables tant qu'ils ont conservé leur aspect de poudre blanche. L'humidité les transforme en une masse compacte, plus ou moins brunâtre et insoluble : ils sont alors impropres à la consommation, quelle que soit leur date de péremption.
Péremption
Les médicaments, même conservés dans les conditions adéquates, se détériorent progressivement et selon des processus divers. Dans la plupart des pays, la réglementation impose aux fabricants l’obligation d’étudier la stabilité de leurs produits dans des conditions standardisées, et de garantir une durée minimum de conservation. La date de péremption indiquée par le fabricant est fixée de sorte que l’effet thérapeutique reste inchangé jusqu’à cette date incluse (au moins 90% du principe actif doit être présent et il ne doit pas y avoir d’augmentation substantielle de la toxicité).
La date de péremption figurant sur l’emballage est basée sur la stabilité du médicament dans son récipient original fermé. Les durées couramment garanties sont 3 ans et 5 ans. Certains produits fragiles ne sont garantis que 1 an ou 2 ans.
La date de péremption doit figurer sur les emballages avec les spécifications éventuelles de stockage.
Médicaments périmés
La date de péremption est à respecter du point de vue légal et du point de vue de la responsabilité thérapeutique.
Dans les situations où les seuls médicaments disponibles auraient une date de péremption dépassée, le médecin pourrait prendre la responsabilité d'utiliser ces médicaments.
Il est bien évident que le médicament ne devient pas impropre à la consommation du jour au lendemain après sa date de péremption. Si le produit a été conservé dans des conditions acceptables (à l'abri de l'humidité et de la lumière, en conditionnement intact et à une température moyenne) et si des modifications d'aspect ou de solubilité ne sont pas décelées, il est souvent préférable d'utiliser un médicament périmé plutôt que de laisser un malade grave sans traitement.
Le respect des dates de péremption s'impose pour les médicaments dont la posologie est obligatoirement précise et qui présenteraient un risque de sous-dosage, tels les tonicardiaques et les anti-épileptiques et pour ceux qui risquent d'être devenus toxiques telles les cyclines.
Destruction des médicaments et matériels périmés ou inutilisables
Il est dangereux de jeter les médicaments périmés et inutilisables ou de les enfouir dans le sol sans précaution. Pour plus d’informations concernant la destruction des médicaments, consulter Interagency Guidelines For Safe Disposal of Unwanted Pharmaceuticals in and after emergencies, OMS/99.2.