Le vaccin contre la rougeole est un vaccin à virus vivant atténué
[1]Citation 1.World Health Organization. The immunological basis for immunization series: module 7: measles: update 2020 [Internet]. Geneva: World Health Organization; 2020 [cited 2024 Apr 15].
https://iris.who.int/handle/10665/331533 , [2]Citation 2.Weekly Epidemiological Record (WER), 28 April 2017, vol. 92, no. 17 (pp. 205–228) [EN/FR] - World | ReliefWeb [Internet]. 2017 [cited 2024 Apr 15].
https://reliefweb.int/report/world/weekly-epidemiological-record-wer-28-april-2017-vol-92-no-17-pp-205-228-enfr
.
2.1.1 Composition
La plupart des vaccins actuellement utilisés proviennent de la souche du virus rougeoleux Edmonston : Schwarz, Edmonston Zagreb, AIK-C et Moraten. Des vaccins dérivés d'autres souches sont disponibles : CAM-70, TD 97, Leningrad-16 et Shanghai-191.
Il n’y a pas de différence significative (efficacité, effets indésirables) entre ces vaccins et toutes les souches peuvent être utilisées de façon interchangeable.
Les vaccins peuvent contenir des stabilisants (sorbitol, gélatine hydrolysée), ainsi qu'une faible quantité de néomycine mais pas de thiomersal.
2.1.2 Dose et voie d’administration
Enfant de moins de 2 ans : 0,5 mL par dose, voie IM, face antérolatérale de la cuisse.
Enfant à partir de 2 ans, adolescent et adulte : 0,5 mL par dose, voie sous cutanée (SC), face externe du bras.
Des vaccins sous forme de micro-array patch à appliquer sur la peau sont en cours d’étude. Ils pourraient permettre une vaccination plus facile sans aiguille et sans chaine de froid, dans les prochaines années
[3]Citation 3.Peyraud N, Zehrung D, Jarrahian C, Frivold C, Orubu T, Giersing B. Potential use of microarray patches for vaccine delivery in low- and middle-income countries. Vaccine. 2019;37(32):4427-4434. https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2019.03.035
.
2.1.3 Age et réponse vaccinale
La persistance des anticorps maternels influence la réponse vaccinale. En fonction du titre d’anticorps maternels acquis passivement, les nourrissons sont en principe protégés jusqu’à l’âge de 6 à 9 mois. Les enfants nés de mères vaccinées dans l’enfance sont protégés moins longtemps que ceux dont les mères sont protégées naturellement par la maladie.
L'âge optimal à la vaccination (première et seconde dose) varie selon la situation épidémiologique du pays. Il résulte d’un compromis entre le risque de contracter la maladie au cours des premiers mois de vie et la nécessité d'obtenir un taux de séroconversion élevé.
Lorsque la première dose de vaccin est administrée à des enfants entre 9 et 12 mois, le taux de séroconversion est d’environ 85% même en l’absence d’anticorps maternels transmis détectables du fait de l’immaturité immunitaire propre à cet âge de la vie.
Ce taux augmente à 90-95% lorsque les enfants sont vaccinés à l’âge de 12 mois. Plusieurs études tendent à montrer que la séroconversion est encore supérieure si le vaccin est administré à 15 mois, mais n’augmente pas si le vaccin est administré au-delà de l’âge de 15 mois.
Les enfants avec une faible réponse immunitaire à la vaccination initiale obtiennent généralement une bonne protection lors de la 2ème dose administrée après 12 mois (séroconversion > 95% après deux doses).
La séroconversion apparaît 10 à 14 jours après la vaccination, avec un pic d’anticorps entre le 21e et le 28e jour.
La protection induite par la vaccination persiste plusieurs dizaines d’années. Le taux d’anticorps décline avec le temps mais la mémoire immunitaire persiste. Une exposition au virus chez une personne vaccinée provoque une réactivation rapide de la réponse immunitaire.
2.1.4 Contre-indications
Antécédent de réaction anaphylactique à un des composants du vaccin (néomycine, gélatine) ou lors d’une précédente injection d’un vaccin antirougeoleux.
Immunodépression sévère (connue ou suggérée par l’état clinique) :
Congénitale ou acquise
Infection par le VIH : enfants symptomatiques et/ou lymphocytes T CD4 < 25%
Leucémie, lymphome à un stade avancé, maladie tumorale grave
Traitement immunosuppresseur (corticothérapie à forte dose, chimiothérapie antinéoplasique, etc.)
Infection aiguë sévère en cours. Une infection bénigne n’est pas une contre-indication.
2.1.5 Situations particulières
Malnutrition
La majorité des études a montré que la réponse immunitaire à la vaccination est équivalente chez les enfants non-malnutris et malnutris. Cependant, la malnutrition augmente le risque de contracter la maladie et de développer des complications sévères [4]Citation 4.SbarraAN, Jit M, Mosser JF, et al. Population-Level Risk Factors Related to Measles Case Fatality: A Conceptual Framework Based on Expert Consultation and Literature Review. Vaccines. 2023;11(8):1389. http://doi.org/10.3390/vaccines11081389, [5]Citation 5.Bhaskaram P. Measles & malnutrition. Indian J Med Res. 1995 Nov;102:195-9. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8675238/ . Les enfants sont systématiquement vaccinés dans les programmes nutritionnels à partir de 6 mois (dose 0). Ils bénéficieront ensuite des 2 doses systématiques conformément au calendrier vaccinal national.
Grossesse
La rougeole provoque souvent des complications sévères tant pour la mère que pour le fœtus (interruption précoce de la grossesse) ou le nouveau-né (prématurité, petit poids de naissance).
En principe, les vaccins vivants ne doivent pas être administrés aux femmes enceintes. Cependant aucune issue défavorable notable pour le fœtus ou pour la mère résultant de la vaccination d’une femme enceinte n’a été rapportée. En situation d’épidémie, le risque/bénéfice de la vaccination doit être discuté.
Infection par le VIH
[6]Citation 6.Centers for Disease Control and Prevention (CDC). ACIP vaccine-specific recommendations [Internet]. Atlanta: CDC; 2022 [cited 2024 Apr 15].
https://www.cdc.gov/vaccines/hcp/acip-recs/vacc-specific/index.html, [7]Citation 7.Mehtani NJ, Rosman L, Moss WJ. Immunogenicity and Safety of the Measles Vaccine in HIV-Infected Children: An Updated Systematic Review. Am J Epidemiol. 2019 Jun 18. https://academic.oup.com/aje/article/188/6/1123/5893892
Tous les enfants infectés par le VIH sans immunodépression sévère (clinique et/ou biologique) doivent être vaccinés dès 6 mois (dose enregistrée comme dose 0), les 2 doses systématiques seront ensuite administrées conformément au calendrier vaccinal national.
Chez les enfants immunodéprimés, une dose additionnelle est recommandée après restauration de la fonction immunitaire (en général, après 6 à 12 mois de traitement antirétroviral) ou lorsque l’analyse est disponible, si la numération en lymphocyte T CD4+ atteint les 25%.
Immunoglobulines et autres dérivés sanguins
Lorsque l’enfant a reçu des immunoglobulines ou des dérivés sanguins aCitation a.Pour les produits sanguins susceptibles de contenir des immunoglobulines, les immunoglobulines peuvent bloquer les sites antigéniques du vaccin impliqué dans le déclenchement de la réponse immunitaire. dans les 3 à 6 mois précédant la vaccination ou dans les 2 semaines suivant la vaccination, administrer une dose supplémentaire de vaccin 3 à 6 mois plus tard.
Corticothérapie prolongée
Les patients recevant ≥ 2 mg/kg/jour de prednisolone sont vaccinés :
Dès l’arrêt du traitement si la durée du traitement est < 14 jours
Un mois après l’arrêt du traitement si la durée du traitement est ≥ 14 jours
2.1.6 Effets indésirables
Les effets indésirables sont en général bénins et transitoires.
Dans les 24 heures, légère douleur et sensibilité au niveau du site d’injection
7 à 12 jours après la vaccination :
Fièvre > 39 °C durant 1 à 2 jours dans 5 à 15% des cas ; la fièvre est parfois responsable de convulsions (1/3000)
Eruption cutanée transitoire dans 2% des cas, parfois accompagnée de catarrhe
Rarement : purpura thrombopénique (1/30 000 à 1/100 000)
Très rarement : encéphalite (1/1 million)
Réactions anaphylactiques à un des composants du vaccin : rares (3.5 à 10 cas / million)
A l’exception des réactions anaphylactiques, le risque d’effets indésirables est inférieur lors de l’administration de la seconde dose.
2.1.7 Combinaisons et associations vaccinales
Vaccins combinés
Le vaccin est présenté sous forme monovalente ou combinée, c’est-à-dire associé à d’autres vaccins dans la même seringue. Les vaccins combinés homologués ne réduisent pas l'immunogénicité du composant du vaccin antirougeoleux. Se référer au protocole national de chaque pays.
Les vaccins combinés disponibles sur le marché sont :
Le RR : rougeole et rubéole
Le ROR : rougeole, oreillons et rubéole
Le RORV : rougeole, oreillons, rubéole et varicelle
Association de vaccins
A condition d’utiliser des seringues différentes et des sites d’injection différents, le vaccin contre la rougeole peut être administré en même temps que la plupart des autres vaccins : diphtérie, tétanos, coqueluche, hépatite B, Haemophilus influenzae, polio oral ou inactivé, fièvre jaune, varicelle, pneumocoque, méningocoque, encéphalite japonaise.
Afin d’éviter tout risque d’interférence d’une réponse immunitaire sur l’autre, un intervalle de 4 semaines minimum doit être respecté entre l’administration de deux vaccins vivants atténués. Le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) fait exception à cette règle et peut être administré à tout moment, avant, avec ou après la vaccination antirougeoleuse.
2.1.8 Conservation des vaccins
Vaccins lyophilisés
Ils doivent être conservés entre +2 °C et +8 °C. La congélation entre –70 °C et –20 °C est possible pour une conservation de longue durée mais elle n’est pas nécessaire en périphérie.
Solvants
Ils doivent être conservés à température ambiante et placés en chaîne de froid au minimum 12 heures avant leur utilisation de façon à éviter un choc thermique lors de la reconstitution qui pourrait diminuer l’efficacité du vaccin. Ne pas les congeler.
Vaccin reconstitué
Le vaccin reconstitué est sensible à la chaleur et à la lumière. Il doit être conservé entre +2 °C et +8 °C, à l’abri de la lumière, et utilisé de préférence dans l’heure qui suit sa reconstitution et jamais au-delà de 6 heures.
- (a)
Pour les produits sanguins susceptibles de contenir des immunoglobulines, les immunoglobulines peuvent bloquer les sites antigéniques du vaccin impliqué dans le déclenchement de la réponse immunitaire.
- 1.
World Health Organization. The immunological basis for immunization series: module 7: measles: update 2020 [Internet]. Geneva: World Health Organization; 2020 [cited 2024 Apr 15].
https://iris.who.int/handle/10665/331533 - 2.
Weekly Epidemiological Record (WER), 28 April 2017, vol. 92, no. 17 (pp. 205–228) [EN/FR] - World | ReliefWeb [Internet]. 2017 [cited 2024 Apr 15].
https://reliefweb.int/report/world/weekly-epidemiological-record-wer-28-april-2017-vol-92-no-17-pp-205-228-enfr - 3.
Peyraud N, Zehrung D, Jarrahian C, Frivold C, Orubu T, Giersing B. Potential use of microarray patches for vaccine delivery in low- and middle-income countries. Vaccine. 2019;37(32):4427-4434. https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2019.03.035
- 4.
SbarraAN, Jit M, Mosser JF, et al. Population-Level Risk Factors Related to Measles Case Fatality: A Conceptual Framework Based on Expert Consultation and Literature Review. Vaccines. 2023;11(8):1389. http://doi.org/10.3390/vaccines11081389
- 5.
Bhaskaram P. Measles & malnutrition. Indian J Med Res. 1995 Nov;102:195-9. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8675238/
- 6.
Centers for Disease Control and Prevention (CDC). ACIP vaccine-specific recommendations [Internet]. Atlanta: CDC; 2022 [cited 2024 Apr 15].
https://www.cdc.gov/vaccines/hcp/acip-recs/vacc-specific/index.html - 7.
Mehtani NJ, Rosman L, Moss WJ. Immunogenicity and Safety of the Measles Vaccine in HIV-Infected Children: An Updated Systematic Review. Am J Epidemiol. 2019 Jun 18. https://academic.oup.com/aje/article/188/6/1123/5893892