Filarioses lymphatiques (FL)

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Sommaire

    La distribution de la FL est liée à la localisation des moustiques vecteurs (anophèle, Culex, Aedes, etc.) :

    • W. bancrofti : Afrique sub-saharienne, Madagascar, Egypte, Inde, Asie du Sud-Est, Pacifique, Amérique du Sud, Caraïbes
    • B. malayi : Asie du Sud-Est, Chine, Inde, Sri Lanka
    • B. timori : Timor

    Les FL à W. bancrofti représentent 90% des cas et les FL à Brugia sp, 10% des cas.

    Signes cliniques

    • Manifestations aiguës inflammatoires récidivantes
      • Adénolymphangite : adénopathie(s) et œdème rouge, chaud, douloureux, le long du trajet d’un vaisseau lymphatique, avec ou sans signes généraux (p. ex. fièvre, nausées, vomissements). L’inflammation touche le membre inférieur ou les organes génitaux externes ou le sein.
      • Chez l’homme : inflammation aiguë du cordon spermatique (funiculite), de l’épididyme et du testicule (orchi-épididymite).
      • Les poussées cèdent spontanément en une semaine et surviennent habituellement chez des patients présentant des manifestations chroniques.

     

    • Manifestations chroniques
      • Lymphœdème : œdème lymphatique du membre inférieur ou des organes génitaux externes ou du sein, secondaire à l’obstruction des voies lymphatiques par les macrofilaires. Le lymphœdème est d’abord réversible puis devient chronique et de plus en plus sévère : hypertrophie de la région atteinte, pachydermisation progressive de la peau (épaississement fibreux, formation de plis superficiels puis profonds et de lésions verruqueuses). Le stade ultime du lymphœdème est l’éléphantiasis.
      • Chez l’homme : augmentation du volume des bourses par accumulation de liquide dans la cavité vaginale (hydrocèle, lymphocèle, chylocèle) ; orchi-épididymite chronique.
      • Chylurie : urines laiteuses ou eau de riz (rupture d’un vaisseau lymphatique dans les voies urinaires).
      • Chez les patients parasités par Brugia sp, les lésions génitales et la chylurie sont rares ; le lymphœdème est souvent confiné sous le genou.

    Laboratoire

    • Mise en évidence de microfilaires dans le sang périphérique (frottis, goutte épaisse) a Citation a. En cas d’examen négatif chez un patient cliniquement suspect, on peut envisager la recherche d’antigènes circulants (test rapide ICT) et/ou une échographie de la région inguinale à la recherche de « nids de vers » (« filaria dance sign »). ; le prélèvement doit être effectué entre 21 heures et 3 heures du matin.
    • Dans les régions où la loase et/ou l’onchocercose sont co-endémiques, rechercher une co-infection si le diagnostic de FL est positif.

    Traitement

    Traitement antiparasitaire

    • Le traitement est administré en dehors d’une poussée aiguë.
    • La doxycycline PO permet d’éliminer la majorité des macrofilaires et d’améliorer le lymphœdème, uniquement si elle est administrée en cure prolongée : 200 mg une fois par jour pendant 4 semaines au minimum. Elle est contre-indiquée chez l’enfant < 8 ans et la femme enceinte ou allaitante.
    • La diéthylcarbamazine PO dose unique (400 mg chez l’adulte ; 3 mg/kg chez l’enfant) peut être une alternative mais n’élimine qu’une partie des macrofilaires (jusqu’à 40%) et n’améliore pas les symptômes ; un traitement prolongé n’a pas plus d’effet qu’une dose unique ; la DEC est de plus contre-indiquée en cas d’onchocercose et de loase à microfilarémie > 2000 mf/ml ainsi que chez la femme enceinte ou allaitante.
    • L’ivermectine (effet macrofilaricide faible, sinon nul) et l’albendazole ne doivent pas être utilisés dans le traitement individuel (absence d’effet sur les signes cliniques).
    • En cas de co-infection probable ou confirmée par O. volvulus : traiter l’onchocercose puis administrer la doxycycline.

    Contrôle/prévention des manifestations inflammatoires et complications infectieuses

    • Poussées aiguës : repos strict, surélévation du membre, sans bandage, refroidissement du membre (linge humide, bain froid) et antalgiques ; traitement local antibiotique/antifongique si besoin ; en cas de fièvre, antipyrétiques (paracétamol) et hydratation.
    • Prévention des poussées d’adénolymphangite et du lymphœdème : hygiène du membre affecté b Citation b. Lavage au moins une fois par jour (savon et eau à température ambiante), en insistant sur les plis et les espaces interdigitaux ; rinçage soigneux et séchage avec un linge propre ; soin des ongles. , port de chaussures confortables, attention immédiate aux surinfections bactériennes/fongiques et aux blessures.
    • Lymphœdème constitué : bandage du membre affecté dans la journée, surélévation du membre (après avoir retiré la bande) en période de repos, pratique d’exercices simples (flexion-extension des pieds en position couchée ou debout, rotation de la cheville) ; hygiène cutanée, comme ci-dessus.

    Chirurgie

    Peut être indiquée dans le traitement des manifestations chroniques : lymphœdème évolué (dérivation-reconstruction), hydrocèle et ses complications, chylurie.

     

    Notes
    • (a)En cas d’examen négatif chez un patient cliniquement suspect, on peut envisager la recherche d’antigènes circulants (test rapide ICT) et/ou une échographie de la région inguinale à la recherche de « nids de vers » (« filaria dance sign »).
    • (b)Lavage au moins une fois par jour (savon et eau à température ambiante), en insistant sur les plis et les espaces interdigitaux ; rinçage soigneux et séchage avec un linge propre ; soin des ongles.