5.2 Triage des patients

Select language:
Permalink
Sommaire

    Définir un circuit spécifique pour les patients suspects de rougeole afin d’éviter les risques de transmission au sein de la structure de santé. Dès leur arrivée, orienter les cas suspects vers une zone d’attente spécifique isolée des autres patients et si possible, bien ventilée, avec un soignant et du matériel dédié.
     

    5.2.1 Diagnostic et orientation

    Rechercher les signes cliniques de la rougeole et déterminer si le patient est un « cas sévère » ou un « cas simple ».

     

    5.2.2 Examen clinique initial [1]Citation 1.World Health Organization (WHO). Guide for Clinical Case Management and Infection Prevention and Control During a Measles Outbreak. Geneva: WHO; 2020. 
    https://www.who.int/publications/i/item/9789240002869

    Etablir le diagnostic

    Le diagnostic repose sur l’examen clinique, voir Section 5.1.

    En pratique, on considère comme suspect de rougeole, tout patient se présentant avec de la fièvre, une éruption maculo-papulaire généralisée et au moins un des signes suivants : toux ou rhinorrhée ou conjonctivite.

    Mesurer la température en axillaire ou, au minimum, vérifier si l’enfant est « chaud ». En général, la fièvre est élevée (> 39 °C).

    Rechercher une complication respiratoire

    • Vérifier que l’enfant respire normalement, qu’il n’est pas encombré ou dyspnéique.
    • Mesurer la fréquence respiratoire (FR) en particulier si l’enfant tousse ou est dyspnéique.
    • Si un clinicien est présent, ausculter l’enfant à la recherche de signes de pneumonie.


    Décider d’une hospitalisation selon les critères ci-dessous :  

     

    Pneumonie sans signe de gravité 
    ou comorbidité

    = PAS d’HOSPITALISATION

    Pneumonie sévère ou avec comorbidité

    = HOSPITALISATION

    Fièvre et toux
    +
    Dyspnée (fréquence respiratoire élevée) (a)Citation a.Chez les enfants souffrant de malnutrition sévère les seuils de la FR sont abaissés de 5/min
    FR ≥ 60/min chez l’enfant de moins de 2 mois
    FR ≥ 50/min chez l’enfant de 2 à 11 mois
    FR ≥ 40/min chez l’enfant de 1 à 5 ans
    +
    Crépitants à l’auscultation

    Signes de pneumonie
    +
    Au moins un critère de gravité ou comorbidité :

    • Détresse respiratoire, signe(s) de lutte : p.ex. tirage sous costal, battement des ailes du nez, balancement thoraco-abdominal, coups de tête inspiratoires
    • Stridor (croup modéré ou sévère)
    • Cyanose ou SpO2 < 90%
    • Incapacité à boire ou à téter, vomissements
    • Enfant de moins de 2 mois
    • Malnutrition sévère
    • Déshydratation


    Rechercher une otite

    Rechercher une otalgie, un écoulement de pus par le conduit auditif. Si possible, selon les compétences de l’examinateur, réaliser un examen otoscopique.

    Traiter l’otite en ambulatoire sauf si l’enfant présente d’autres comorbidités (= cas sévère ; Voir Section 5.4).

    Rechercher une complication oculaire

    Nettoyer l’œil si des sécrétions abondantes gênent l’examen. Chaque œil est examiné séparément, à la lampe de poche. Examiner les conjonctives et la cornée. Déterminer si la cornée est affectée ou non. Attention, les lésions de la cornée sont souvent douloureuses et accompagnées d’une photophobie (le patient protège ses yeux de la lumière).


    La cornée normale est transparente (elle laisse voir l'iris et la pupille) et humide, brillante (elle reflète la lumière). Toute anomalie de l’aspect de la cornée : perte de transparence (opacité) ou de brillance (cornée terne ou sèche) ou ramollissement (nécrose, perforation), est une indication d’hospitalisation (= cas sévère).


    Une conjonctivite purulente isolée (écoulement de pus et sensation de gêne ou de corps étranger dans l’œil, sans photophobie, cornée normale) peut être traitée en ambulatoire si l’enfant n’est pas pour d’autres motifs un « cas sévère».


    L’examen peut montrer des taches de Bitot. L’enfant peut être traité en ambulatoire sauf s’il présente d’autres comorbidités (= cas sévère ; Voir Section 5.4).

    Rechercher des lésions buccales

    Une candidose orale (plaques blanches sur la langue, la cavité buccale) est considérée comme bénigne tant que l’enfant boit et mange normalement. Elle peut être traitée en ambulatoire sauf si l’enfant présente d’autres comorbidités (= cas sévère ; Voir Section 5.4).


    Des lésions douloureuses ou étendues qui empêchent l’enfant de boire ou de s’alimenter normalement sont des lésions sévères (= cas sévère) et imposent une hospitalisation.

    Rechercher une déshydratation et/ou une diarrhée

    Rechercher une déshydratation dans tous les cas. La déshydratation peut être liée à différentes causes : diarrhée, insuffisance des apports, vomissements répétés, fièvre élevée.
     

      En patient déshydraté, quelle qu’en soit la cause, doit être hospitalisé (= cas sévère)

    Peser

    Peser les enfants chaque fois que possible.

    Evaluer la capacité à boire

    Mettre l’enfant au sein ou lui présenter de l’eau pour vérifier qu’il boit correctement, sinon le garder en observation et si l’incapacité à boire persiste, l’hospitaliser.

    Evaluer l’état nutritionnel

    • Rechercher systématiquement une malnutrition aigüe chez les enfants de moins de 5 ans par une prise de mesure anthropométrique et la recherche d’œdèmes bilatéraux des membres inférieurs.
    • En présence d’œdèmes bilatéraux : malnutrition aiguë (= cas de rougeole sévère)
    • En l’absence d’œdèmes bilatéraux, réaliser un périmètre brachial (PB) :
      • Si PB ≥ 125 mm : l’enfant ne présente pas de malnutrition aigue
      • Si PB entre 115 et 124 mm : l’enfant présente une malnutrition aigüe modérée   
      • Si PB < 115 mm : malnutrition aiguë sévère (= cas de rougeole sévère)
    • Dans des contextes ou le rapport poids/taille (P/T) est appliqué :
      • P/T < -3Z : malnutrition aiguë sévère (= cas de rougeole sévère)


    Evaluer la capacité de l’accompagnant à prendre en charge le patient et à le ramener en consultation si besoin.

     

    5.2.3 Examens complémentaires

    • Effectuer un test paludisme si zone endémique.
    • Si cas sévère et matériel disponible : saturation O2, taux d’hémoglobine, glycémie chez l’enfant malnutri, radiographie pulmonaire (seulement pour les cas avec signes respiratoires).
    • a

      Chez les enfants souffrant de malnutrition sévère les seuils de la FR sont abaissés de 5/min

    Références