5.1 Aspects cliniques

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Sommaire

    5.1.1 Incubation

    L’incubation dure environ 10 jours (8 à 13 jours), de la date de contage à la date d’apparition des premiers signes cliniques.

    5.1.2 Symptômes

    Phase d'invasion (phase catarrhale)

    Elle dure 2 à 4 jours.

    • fièvre supérieure à 38 °C, souvent supérieure à 39 °C ;
    • catarrhe oculo-respiratoire : toux non productive et/ou rhinorrhée (écoulement nasal) et/ou conjonctivite (yeux rouges et larmoyant) ;
    • signe de Koplick : petites taches blanches-bleuâtres (2 à 3 mm) reposant sur une base érythémateuse, sur la face interne des joues. Ce signe apparaît habituellement 1 à 2 jours avant l’éruption cutanée et persiste 2 à 3 jours. Il est spécifique à la rougeole mais il n’est pas nécessaire de le retrouver pour poser le diagnostic de rougeole.

    Phase d'état (phase éruptive)

    Elle débute 14 jours en moyenne après le contage et dure 4 à 6 jours.

    • exanthème constitué de maculo-papules érythémateuses, s'effaçant à la pression, non prurigineuses, pouvant confluer en plaques séparées par des intervalles de peau saine ;
    • l’éruption s'étend progressivement de haut en bas en 3 à 4 jours : front puis face, cou, thorax, abdomen et membres inférieurs.

     

    Parallèlement, les signes de catarrhe régressent. En l'absence de complication, la fièvre disparaît lorsque l’éruption atteint les pieds. Puis l’exanthème disparaît progressivement et la peau desquame.

    Phase de convalescence

    Les peaux pigmentées prennent un aspect tigré puis desquament intensément pendant 1 à 2 semaines.

    5.1.3 Diagnostic différentiel

    Rubéole (accompagnée d’adénopathies cervicales postérieures), mégalérythème infectieux, exanthème subit ou roséole infantile (éruption transitoire touchant principalement le tronc), mononucléose infectieuse, scarlatine, typhus exanthématique, certaines rickettsioses, érythème médicamenteux, etc.

    5.1.4 Complications aiguës

    Les complications de la rougeole sont multiples a Citation a. Les complications sont liées à l’altération des surfaces épithéliales (pulmonaires, digestives) et à l’immunosuppression transitoire consécutive à la rougeole.  , [1] Citation 1. Perry RT, Halsey NA. The clinical significance of measles: a review. J Infect Dis. 2004 May 1;189 Suppl 1:S4-16. . 75% des cas de rougeole présentent au moins une complication. La majorité des décès sont dus à des complications.

    Complications respiratoires et ORL (virales ou bactériennes)

    Chez les enfants de moins de 5 ans, ces complications sont les plus fréquentes, pendant et après la maladie.
    Chez les adultes, les complications pulmonaires sont moins fréquentes que chez l’enfant mais plus sévères.

     

    • Otite moyenne aiguë

    Dans 5 à 15% des cas, la rougeole se complique d’une otite moyenne aiguë.

     

    • Pneumonie

    5 à 10% des patients ont une pneumonie.

     

    • Laryngo-trachéo-bronchite aiguë (croup)

    Le croup est une complication possible chez l'enfant. Dans la plupart des cas, le croup est bénin. L’enfant guérit en 2 à 5 jours mais doit être surveillé pendant cette période car son état général et respiratoire peut rapidement se dégrader.
    Le croup se manifeste par une toux caractéristique (« aboyante »), un cri ou une voix rauque, une gêne respiratoire, un bruit inspiratoire strident (stridor inspiratoire) dû à l’inflammation et au rétrécissement du larynx.
    Si le stridor apparaît lorsque l’enfant s’agite ou pleure mais disparaît lorsque l’enfant se calme, le croup est considéré comme bénin ou « modéré ».
    Un croup avec un stridor au repos (continu) ou accompagné de signes de détresse respiratoire est un croup sévère.

    Complications oculaires [2] Citation 2. World Health Organization. The child, measles and the eye. CH-1211 Geneva 27, Switzerland. WHO/EPI/TRAM/93.05 (updated 2004).
    http://www.who.int/immunization/programmes_systems/interventions/ChildMeaslesEyeENG300.pdf

    Si l’œil est rouge et larmoyant, ces symptômes sont habituels et bénins et il ne s’agit pas d’une complication.
    Les complications oculaires les plus fréquentes sont les infections bactériennes et la xérophtalmie par carence en vitamine A b Citation b. a carence en vitamine A entraîne, en plus des lésions oculaires, une diminution des défenses immunitaires.  .
    Les pathologies entraînant des lésions de la cornée (kératoconjonctivite, kératite, xérophtalmie) menacent directement l’intégrité de l’œil et sont potentiellement cécitantes.

     

    • Conjonctivite purulente

    La conjonctivite purulente est la complication la plus fréquente et la plus bénigne.

     

    • Kératite et kérato-conjonctivite infectieuse

    Ces infections sont plus rares. Elles sont associées à une diminution de la transparence ou de la brillance de la cornée. Si l’on peut pratiquer un test à la fluorescéine, l’examen met en évidence une érosion/ulcération unique c Citation c. La cornée normale ne retient pas la fluorescéine ; en cas de perte d’épithélium, la fluorescéine colore la lésion en vert. .

     

    • Xérophtalmie

    La xérophtalmie peut être vue à l’un de ces stades d’évolution : tache de Bitot, xérose cornéenne (cornée sèche et terne), kératomalacie (cornée opaque, ramollie ou perforée).

    Complications digestives

    • Diarrhées

    Les diarrhées sont fréquentes pendant et après la maladie. Elles peuvent rapidement se compliquer d’une déshydratation, en particulier chez l’enfant.

     

    • Lésions buccales (stomatites)

    Les stomatites les plus fréquentes sont dues au Candida albicans. Une gingivostomatite herpétique est possible.

    Complications neurologiques

    • Convulsions

    Ce sont les complications les plus fréquentes.

     

    • Encéphalite aiguë post-éruptive

    Cette complication est rare (un cas pour 1000 à 2000 vers le 3-6e jour après l’éruption). Les symptômes sont : réapparition de la fièvre ou absence de défervescence, syndrome méningé, troubles de la conscience et convulsions.

    5.1.5 Autres complications

    Immédiates

    Un purpura thrombopénique est possible entre le 3e et le 15e jour de l’éruption.

    Post-rougeole

    • La rougeole peut entraîner une malnutrition dans les semaines qui suivent l’infection.
    • Le risque de décès est majoré chez l’enfant pendant plusieurs mois en raison du déficit immunitaire transitoire accompagnant la rougeole (augmentation du risque de diarrhée et d’infection respiratoire).
    • Le noma (gingivostomatite gangréneuse) est une complication rare, extrêmement sévère, mais non spécifique à la rougeole, chez les enfants malnutris de moins de 4 ans. Il débute par des ulcérations buccales sévères et malodorantes.

    Tardives

    La panencéphalite sclérosante subaiguë est une complication très rare (1 cas/100 000) et très tardive (en moyenne 7 ans après l’infection).

    5.1.6 Co-morbidités

    Malnutrition aiguë

    Les enfants souffrant de malnutrition sont plus susceptibles de développer des complications sévères.

    Infection par le VIH

    Chez les personnes immunodéprimées, la maladie est sévère et prolongée. L’éruption cutanée peut être absente.
    Deux complications sont à redouter : la pneumonie interstitielle à cellules géantes et l’encéphalite aiguë progressive. La première cause de décès est la pneumonie chez l’enfant et l’encéphalite chez l’adulte.

     

    Notes
    • (a)Les complications sont liées à l’altération des surfaces épithéliales (pulmonaires, digestives) et à l’immunosuppression transitoire consécutive à la rougeole.
    • (b)a carence en vitamine A entraîne, en plus des lésions oculaires, une diminution des défenses immunitaires.
    • (c)La cornée normale ne retient pas la fluorescéine ; en cas de perte d’épithélium, la fluorescéine colore la lésion en vert.
    Références