La surveillance épidémiologique permet l'identification précoce de nouveaux foyers épidémiques.
La surveillance à base communautaire peut être un bon complément d’information aux données issues des structures de santé.
La mise en place d’un système d’alerte peut aider les équipes à hiérarchiser leurs actions pour cibler les zones probablement en épidémie : décider de la pertinence d’une investigation, se préparer pour une investigation de terrain plus rapide.
La notion d’alerte est un concept subjectif. La définition des critères d’alerte est un compromis entre un critère très sensible (qui permet de détecter très tôt une augmentation des cas mais risque de déclencher des actions non nécessaires) ou peu sensible (détection plus tardive de l’augmentation des cas mais nombre d’investigations plus limité).
Si la zone géographique à couvrir est étendue, une approche ciblée sur le risque peut être envisagée, dans laquelle les ressources sont concentrées sur les zones à plus haut risque de grandes épidémies. Ces zones peuvent être identifiées sur la base d'estimations de la couverture vaccinale (les estimations par enquête sont plus fiables que les estimations de la couverture administrative) ou de méthodes mathématiques plus complexes
[1]Citation 1.Cutts FT, Dansereau E, Ferrari MJ, et al. Using models to shape measles control and elimination strategies in low- and middle-income countries: A review of recent applications. Vaccine. 2020;38(5):979-992.
doi:10.1016/j.vaccine.2019.11.020
. L'approche ciblée peut inclure des seuils d'alerte plus sensibles, des efforts de surveillance renforcés, mais aussi la priorisation de ces zones géographiques pour les investigations/interventions en cas d'alerte.
Une fois l’épidémie confirmée, la surveillance épidémiologique doit être intensifiée. Les objectifs du système de surveillance après l’identification de l’épidémie sont :
De surveiller l’évolution de l’épidémie
De fournir des indications pour organiser une riposte appropriée (prise en charge et vaccination)
D’évaluer les activités de riposte
4.2.1 Enregistrement des cas
Les registres (Annexe 5) sont la base de tout recueil de données. Il faut décider de mettre en place des registres spécifiques pour les cas de rougeole ou d’utiliser les registres existants. Dans tous les cas, les registres doivent être disponibles dans chaque établissement et doivent y rester.
L’utilisation de listes linéaires permettra d’avoir des information détaillées, centralisées et d’en faciliter l’analyse. Les informations à recueillir pour chaque cas de rougeole sont : nom, adresse, sexe, âge, statut vaccinal, date des premiers symptômes, date d’admission, évolution et diagnostic biologique.
4.2.2 Description du système de surveillance épidémiologique
Données
Informations essentielles
A la fin de chaque semaine épidémiologique, tous les établissements de soins transmettent au niveau supérieur leurs données hebdomadaires relatives à la rougeole.
Déclaration « zéro cas »
Si aucun cas n’a été vu au cours de la semaine, cette information doit être transmise aux responsables de santé. On parle de déclaration « zéro cas ». L’absence de déclaration équivaut à une absence d’information et ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de cas.
Transmission des données
Pour la transmission de données, utiliser les moyens de communication les plus rapides (téléphone, SMS, e-mail, radio, etc.). Si besoin, un support matériel peut être apporté pour faciliter cette transmission.
Si la transmission est orale, une copie papier des déclarations est systématiquement envoyée au niveau supérieur, l’autre est conservée dans l’établissement.
Chaque visite dans un établissement de soins d’une région touchée (supervision des activités curatives, approvisionnement ou vaccination) est l’occasion de superviser et faciliter la collecte et la transmission des données.
Compilation des données
Les données sont habituellement compilées et analysées au niveau du district (taux d’incidence, taux d’attaque et létalité) puis transmises au niveau régional. Après compilation et analyse au niveau régional, les données sont transmises au niveau national.
A chaque niveau, le responsable de la surveillance contrôle la complétude des données et la réactivité à les transmettre. Il les saisit, vérifie la concordance et fait le lien avec les données de laboratoire le cas échéant.
Analyse des données
L’analyse (Temps - Lieu - Personne) est effectuée à tous les niveaux chaque semaine dès le début de la saison à risque épidémique. C’est une étape essentielle sur laquelle repose l’identification et la gestion de l’épidémie.
La représentation des données sous forme de tableaux, graphes (Annexe 6) et cartes facilite l’analyse. L’utilisation de l’outil informatique simplifie l’organisation des données. En son absence, au niveau d’un dispensaire p.ex., un simple graphique affiché sur le mur et mis à jour chaque semaine, permet de suivre les tendances (cas et décès).
Surveillance biologique
Après les premiers prélèvements (confirmation et analyse génotypique), un suivi constant tout au long de l’épidémie n’est pas essentiel mais peut être utile en fin d’épidémie pour confirmer qu’il s'agit toujours bien de rougeole. Pour la surveillance biologique, se référer aux recommandations du pays.
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Cutts FT, Dansereau E, Ferrari MJ, et al. Using models to shape measles control and elimination strategies in low- and middle-income countries: A review of recent applications. Vaccine. 2020;38(5):979-992.
doi:10.1016/j.vaccine.2019.11.020