Tréponématoses endémiques

Select language:
Permalink
Sommaire

    Les tréponématoses endémiques sont des infections bactériennes dues à 3 variétés de tréponèmes (différents de Treponema pallidum) dont la transmission interhumaine est directe ou indirecte.

    Les 3 tréponématoses endémiques donnent une sérologie syphilitique positive (TPHA-VDRL) mais cet examen n’est pas nécessaire au diagnostic qui reste avant tout clinique. Il n’existe pas d’examen de laboratoire qui puisse distinguer les différentes tréponématoses.

    Pour le diagnostic et traitement de la syphilis, voir Infections génitales, Chapitre 9.

    Signes cliniques

     

    Pian

    Pinta

    Bejel

    Agent pathogène

    Treponema pertenue

    Treponema carateum

    Treponema pallidum variété M

    Répartition géographique

    Régions forestières chaudes et humides

    Zone tropicale d’Amérique Latine

    Régions sèches, semi-désertiques du Moyen Orient et de l’Afrique

    Population

    Enfants entre 4 et 14 ans

    Enfants et adultes

    Populations nomades, enfants en particulier

    Accidents primaires

    Chancre pianique : ulcération de couleur chair, non indurée, prurigineuse, sur les membres inférieurs dans 95% des cas, avec adénopathie satellite.
    Cicatrisation spontanée ou développement d’un volumineux pianome entouré de pianomes plus petits.

    Plaque érythémato-squameuse, annulaire en zone découverte (face, extrémités) ressemblant à une dermatophytie. Disparaît spontanément en laissant une cicatrice.

    Chancre discret : plaque papuleuse localisée le plus souvent sur les muqueuses ou les plis de flexion avec adénopathie satellite.

    Accidents secondaires

    Débutent 3 semaines après le chancre, évoluent par poussées et guérissent spontanément :
    • Pianomes cutanés ou muqueux (lésions papillomateuses, végétantes, très contagieuses)
    • Pianides isolées ou associées aux pianomes (lésions papuleuses, squameuses, annulaires, peu contagieuses)
    • Ostéopériostites des os longs (phalanges, os propres du nez, tibias)

    Pintides : tâches foncées bleuâtres et tâches claires rosées ou blanches, sur tout le corps.

    • Plaques muqueuses buccales fréquentes : ulcérations très contagieuses, arrondies, indurées, recouvertes d’un enduit blanchâtre, saignant facilement, localisées (face interne des lèvres, joue, langue, commissure labiale)
    • Plaques muqueuses ano-génitales (rares)
    • Lésions cutanées rares, d’aspect végétant, localisées aux plis
    • Accidents osseux précoces identiques au pian, localisés aux jambes et avant-bras

    Accidents tertiaires

    Après quelques années de latence :
    • Périostites, ostéites douloureuses et invalidantes
    • Rhinopharyngite ulcéreuse et mutilante
    • Nodosités extra-articulaires

    Tâches blanches symétriques sur les membres, définitives même après traitement.

    Après quelques années de latence :
    • Gommes des parties molles et des os longs
    • Syphilides cutanées superficielles
    • Nodosités juxta-articulaires
    • Tâches hypo et hyperpigmentées comme pour le pinta

     

    Traitement

    Pian

    azithromycine PO [1] Citation 1. Organisation mondiale de la Santé (‎2012)‎. Le pian : brochure pour la reconnaissance du pian dans les communautés. Réimprimé avec changements, 2014. 
    http://www.who.int/iris/handle/10665/75361 [consulté le 15 mai 2018]

    Enfant et adulte : 30 mg/kg dose unique (maximum 2 g)
    ou, défaut,
    benzathine benzylpénicilline IM [2] Citation 2. Oriol Mitjà, David Mabey. Yaws, bejel, and pinta (last updated. May 07, 2018). UpToDate [consulté le 15 mai 2018]. [3] Citation 3. Michael Marks, Anthony W Solomon, David C Mabey. Endemic treponemal diseases. Transactions of The Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, Volume 108, Issue 10, 1 October 2014, Pages 601–607.
    https://doi.org/10.1093/trstmh/tru128 [consulté le 15 mai 2018]

    Enfant de moins de 10 ans : 1,2 MUI dose unique
    Enfant de 10 ans et plus et adulte : 2,4 MUI dose unique

    Pinta et bejel

    benzathine benzylpénicilline IM. 
    Comme pour le pian.

     

    En cas d’allergie à la pénicilline :
    doxycycline PO (sauf chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante)
    Enfant de 8 ans et plus : 50 mg 2 fois par jour pendant 14 jours
    Adulte : 100 mg 2 fois par jour pendant 14 jours

     

    Remarques :

    • L’antibiothérapie guérit les accidents récents et peut soulager les douleurs des ostéites. Elle peut être insuffisante en cas de lésions tardives.
    • La sérologie syphilitique reste positive malgré la guérison clinique.

    Sujets contacts et latents

    Tous les sujets contacts, qu’ils soient symptomatiques ou non, et les cas latents (sujets asymptomatiques ayant une sérologie syphilitique positive) en zone endémique doivent recevoir le même traitement que les cas.

     

    Références
    • 1.Organisation mondiale de la Santé (‎2012)‎. Le pian : brochure pour la reconnaissance du pian dans les communautés. Réimprimé avec changements, 2014. 
      http://www.who.int/iris/handle/10665/75361 [consulté le 15 mai 2018]
    • 2.Oriol Mitjà, David Mabey. Yaws, bejel, and pinta (last updated. May 07, 2018). UpToDate [consulté le 15 mai 2018].
    • 3.Michael Marks, Anthony W Solomon, David C Mabey. Endemic treponemal diseases. Transactions of The Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, Volume 108, Issue 10, 1 October 2014, Pages 601–607.
      https://doi.org/10.1093/trstmh/tru128 [consulté le 15 mai 2018]