Nématodoses

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Sommaire

     

     

    Infection/Epidémiologie

    Signes cliniques/Diagnostic

    Traitement

    Ascaridiase(a)
    Ascaris lumbricoides

    Distribution : mondiale, fréquente en régions tropicales et subtropicales

    Transmission : ingestion d’œufs d’ascaris

    • Pendant la migration larvaire
      Syndrome de Loeffler : symptômes pulmonaires transitoires (toux sèche, dyspnée, respiration sifflante) et fièvre modérée.
    • Une fois les vers adultes dans l’intestin
      Douleur et distension abdominale. En général, l’ascaridiase est diagnostiquée lorsque des vers sont expulsés par l’anus (ou occasionnellement par la bouche) : l’ascaris est un vers cylindrique, long (15-30 cm), blanc-rosâtre, légèrement effilé aux extrémités.
    • Complications
      L’ascaridiase est habituellement bénigne mais une infestation massive peut entraîner une obstruction intestinale (douleur abdominale, vomissements, arrêt du transit), en particulier chez l’enfant < 5 ans. Les vers peuvent accidentellement migrer vers la vésicule biliaire, le foie ou le péritoine et provoquer un ictère, un abcès hépatique, une péritonite.
    • Les œufs d’ascaris peuvent être retrouvés à l’examen parasitologique des selles.

    albendazole PO dose unique
    Enfant > 6 mois et adulte :
    400 mg
    (200 mg chez l’enfant > 6 mois mais < 10 kg)
    ou
    mébendazole PO pendant 3 jours
    Enfant > 6 mois et adulte :
    100 mg 2 fois par jour
    (50 mg 2 fois par jour chez l’enfant > 6 mois mais < 10 kg)

    Trichocéphalose(a)
    Trichuris trichiura

    Distribution et transmission : comme pour A. lumbricoides

    • Douleurs abdominales et diarrhée chez les patients fortement parasités.
    • En cas d’infestation massive : diarrhée sanglante chronique, ténesme, prolapsus rectal dû aux tentatives fréquents de déféquer, en particulier chez l’enfant.
      En cas de prolapsus, les vers sont parfois vus sur la muqueuse rectale : de couleur gris- blanchâtre, ils mesurent 3 à 5 cm et ont la forme d’un fouet, avec un corps renflé et une extrémité longue et très filiforme.
    • Les œufs de T. trichiura peuvent être retrouvés à l’examen parasitologique des selles.

    albendazole PO pendant 3 jours
    Enfant > 6 mois et adulte :
    400 mg une fois par jour
    (200 mg une fois par jour chez l’enfant > 6 mois mais < 10 kg)
    ou
    mébendazole PO pendant 3 jours, comme pour une ascaridiase.
    Une dose unique d’albendazole ou de mébendazole est très souvent insuffisante.

    Ankylostomiase(a)
    Ancylostoma duodenale
    Necator americanus

    Distribution : régions tropicales et subtropicales

    Transmission : pénétration transcutanée lors d’un contact de la peau (pied, main) avec le sol contaminé

    • Pendant la pénétration/migration larvaire
      Signes cutanés (éruption papulo-vésiculaire prurigineuse au niveau du site de pénétration, généralement le pied) et symptômes pulmonaires (similaires à ceux de l’ascaridiase).
    • Une fois les vers adultes présents dans l’intestin
      Douleurs abdominales légères. La fixation du parasite sur la muqueuse intestinale provoque un saignement chronique et une anémie (en zone endémique, il est recommandé d’administrer un traitement antihelminthique aux patients qui présentent une anémie par carence en fer).
    • Les œufs d’ankylostomes peuvent être retrouvés à l’examen parasitologique des selles.

    Une dose unique d’albendazole (comme pour une ascaridiase) est beaucoup plus efficace qu’une dose unique de mébendazole.
    Si l’on utilise du mébendazole, il est recommandé de faire un traitement de 3 jours (comme pour une ascaridiase).
    Traitement de l’anémie (Chapitre 1).

    Anguillulose
    Strongyloides stercoralis

    Distribution : régions tropicales humides

    Transmission : pénétration transcutanée et auto-infection

    • Anguillulose aiguë
      • Pendant la pénétration/migration larvaire : signes cutanés (érythème et prurit au niveau du site de pénétration, pouvant persister plusieurs semaines) et pulmonaires (similaires à ceux de l’ascaridiase).
      • Une fois les larves présentes dans l’intestin : symptômes digestifs (ballonnement, douleurs abdominales et épigastriques, vomissements, diarrhée).
    • Anguillulose chronique
      Les larves intestinales peuvent ré-infester leur hôte (auto-infection) en traversant la paroi intestinale ou en migrant à travers la peau à partir de la marge anale. Les infections chroniques sont associées à des symptômes pulmonaires et digestifs prolongés ou récurrents. La migration transcutanée des larves intestinales provoque une éruption typique (larva currens), préférentiellement dans la région anale et sur le tronc : ligne sinueuse, surélevée, très prurigineuse, migrante, se déplaçant rapidement (5-10 cm/heure) et persistant quelques heures ou jours.
    • Complications
      Une hyperinfection (infestation massive) se traduit par une exacerbation des signes pulmonaires et digestifs et peut être associée à une dissémination des larves vers des sites inhabituels (SNC, cœur, etc.). Cette forme survient en général chez les patients sous thérapie suppressive (p. ex. corticoïdes).
    • Les larves peuvent être retrouvées à l’examen parasitologique des selles.

    Le traitement de choix est :
    ivermectine PO(b) dose unique
    Enfant > 15 kg et adulte :
    200 microgrammes/kg, à jeun

    Bien que moins efficace, un traitement de 3 jours à l’albendazole PO (comme pour une trichocéphalose) peut être une alternative.

    Les hyperinfections sont réfractaires au traitement conventionnel. Des traitements prolongés ou intermittents à doses multiples sont nécessaires.

    Oxyurose
    Enterobius vermicularis

    Distribution : mondiale

    Transmission : oro-fécale ou auto-infection

    • Prurit anal, plus intense la nuit, vulvovaginite chez les filles (rare). En pratique, le diagnostic est posé lorsque les vers sont visualisés sur la marge anale (ou dans les selles en cas d’infestation massive). L’oxyure est un ver cylindrique, court (1 cm), mobile, blanc, légèrement effilé aux deux extrémités.
    • Les œufs d’oxyures peuvent être collectés sur la marge anale (scotch test) et visualisés au microscope.

    albendazole PO dose unique, comme pour une ascaridiase
    ou
    mébendazole PO dose unique
    Enfant > 6 mois et adulte :
    100 mg (50 mg chez l’enfant > 6 mois mais < 10 kg)
    Une seconde dose peut être administrée 2 à 4 semaines après.

    Trichinellose
    Trichinella sp

    Distribution : mondiale, particulièrement fréquente en Asie (Thaïlande, Laos, Chine, etc.)

    Transmission : consommation de viande crue ou mal cuite contenant des larves de trichines (porc, phacochère, ours, chien, etc.)

    • Phase entérique (1 à 2 jours après l’ingestion de viande infectée) Diarrhée et douleurs abdominales transitoires (quelques jours).
    • Phase musculaire (environ une semaine après)
      Fièvre élevée ; douleurs musculaires (muscles oculaires [douleur aux mouvements oculaires], masséters [limitation de l’ouverture de la bouche], nuque et cou [douleur à la déglutition, à la phonation], tronc et membres) ; œdème de la face ou péri-orbital bilatéral ; hémorragie conjonctivale ; hémorragies sous-unguéales ; céphalées. Les signes ne sont pas toujours aussi typiques, le patient peut présenter un syndrome grippal sans spécificité.
      D’autres éléments, tels que les habitudes alimentaires (consommation de porc/viande crue), la présence de signes évocateurs (fièvre > 39 °C et myalgies et œdème de la face) chez plusieurs personnes ayant partagé un même repas (cérémonie p. ex.) ou une hyperéosinophilie sanguine > 1000/mm3, contribuent à renforcer la suspicion.
    • Diagnostic définitif : biopsie musculaire ; sérodiagnostic (ELISA, Western Blot).

    albendazole PO pendant 10 à 15 jours
    Enfant > 2 ans :
    5 mg/kg 2 fois par jour
    Adulte :
    400 mg 2 fois par jour
    ou
    mébendazole PO pendant 10 à 15 jours
    Enfant > 2 ans :
    2,5 mg/kg 2 fois par jour
    Adulte :
    200 mg 2 fois par jour

    plus, quel que soit l’antihelminthique utilisé :
    prednisolone PO
    0,5 à 1 mg/kg une fois par jour pendant la durée du traitement

     

    (a) Les co-infections à A. lumbricoides, T. trichiura et ankylostomes sont fréquentes. Il faut en tenir compte lors de la prescription du traitement antihelminthique.

     

    (b) Larva migrans cutanée, la larve migrante d’Ancylostoma braziliense et caninum (parasites habituels des chats et chiens) se manifeste aussi par une éruption cutanée rampante, inflammatoire et prurigineuse mais de progression plus lente et de plus longue durée (quelques semaines ou mois). Le traitement est l’albendazole (400 mg dose unique ou une fois par jour pendant 3 jours chez l’enfant > 6 mois et l’adulte ; 200 mg chez l’enfant > 6 mois mais < 10 kg) ou l’ivermectine (200 microgrammes/kg dose unique).